ETA Boujuau Une plateforme pour planter jusqu’à 1 000 arbres à l’heure

Arboriculteur de profession, Hervé Boujuau a conçu une machine pour planter plus facilement ses pommiers. La précision et le rendement de son matériel lui permettent désormais de proposer des prestations. Trois planteuses ont déjà été vendues à des confrères.

« En 2014, j’ai développé une assistance à la plantation sur mon exploitation, car je ne trouvais pas de solution pour rendre moins pénible la plantation des jeunes arbres, jusque-là réalisée à la bêche, explique Hervé Boujuau, entrepreneur et arboriculteur en Maine-et-Loire. Le premier prototype fonctionnait bien, et un voisin m’a demandé de venir planter chez lui. Puis deux autres m’ont contacté. Les appels se sont alors multipliés. Cet engouement m’a conduit à développer mon activité d’entrepreneur de travaux agricoles, en plus de l’exploitation, et à construire de nouvelles machines. »

Quatre opérateurs

Ce matériel performant affiche un rendement sans équivalent, dépassant les 1 000 pieds plantés à l’heure dans les grandes parcelles. La plateforme de plantation, tirée par un tracteur, embarque quatre employés ainsi que plusieurs palox où sont stockés les jeunes plants. Sous le châssis, un coutre vertical équipé d’ailettes ouvre un sillon et aère le sol en profondeur. Un opérateur est assis au-dessus et dépose les plants un à un sur une petite trappe placée juste derrière la dent. Cette trappe s’ouvre régulièrement pour laisser tomber l’arbre dans le fond du sillon. Le pied est ensuite recouvert de terre par des disques qui forment une butte centrée sur le rang, laquelle est rappuyée au sol par deux pneus. Pour chacun de ces éléments, la hauteur et la largeur de travail sont réglables de manière indépendante.

Une personne est placée à l’arrière de la plateforme pour maintenir l’arbre à la verticale jusqu’à ce que le pied soit correctement enfoui. Les deux autres opérateurs sont là pour préparer les plants et les donner un à un à celui qui les positionne sur la trappe. Hervé Boujuau a même prévu un boîtier avec plusieurs lumières colorées pour indiquer au personnel quelle variété doit être plantée et à quel moment.

« Dans un rang de pommiers, il y a généralement un pied pollinisateur intercalé tous les 10 ou 15 arbres, explique l’arboriculteur. Certains clients implantent parfois deux ou trois variétés de pollinisateurs différentes, qu’il faut positionner à des endroits bien précis. Sur la plateforme, chaque lot de plants est donc repéré par une couleur différente. Grâce aux lumières qui s’allument les unes à la suite des autres, le personnel sait en permanence quelle variété placer dans le sillon. »

Relevé GPS de la parcelle

Tout ceci nécessite une bonne préparation du chantier en amont. L’entrepreneur réalise donc au préalable une cartographie par GPS de toute la parcelle avec un véhicule Gator du constructeur John Deere. Il trace le périmètre du champ et positionne toutes les données utiles : fossés, chemin à conserver, pylônes, anciens rangs quand il s’agit d’un renouvellement de verger, etc. Ce balisage sert ensuite à établir le plan précis de la future plantation en plaçant chaque arbre sur la carte. Elle peut être imprimée au format PDF et servir à toute autre démarche utile pour le client. Ce dernier connaît ainsi à l’avance, avec précision, le nombre de plants à commander, celui de poteaux et le linéaire de tuyaux d’irrigation.

Lors de la mise en route du chantier, cette cartographie est transférée dans la console du tracteur, en cabine. L’ETA utilise un John Deere 6135R équipé d’une console RTK. Le tracteur, autoguidé, suit les trajectoires préenregistrées en avançant entre 0,8 et 3 km/h, selon la densité. Le chauffeur n’est là que pour gérer les demi-tours en bout de rang et s’assurer que tout s’organise bien. Il lui arrive même de descendre de la cabine pour ramasser des pierres ou des débris qui traînent dans le champ. Sur la planteuse, les opérateurs doivent simplement placer la bonne variété sur la trappe, dont l’ouverture est automatique. La plateforme est également équipée de sa propre antenne GPS. Celle-ci pilote un vérin placé au niveau de l’attelage pour décaler le matériel sur la droite ou la gauche et ainsi suivre parfaitement le rang. Cette fonction est particulièrement utile dans les courbes ou les parcelles en dévers, la plateforme se décalant parfois de la trajectoire du tracteur. Ce vérin dispose d’une course de 35 cm des deux côtés. La plateforme est portée par quatre roues de jauge pour moduler la profondeur de travail.

2 000 arbres à l'heure en double rang

Actuellement, Hervé Boujuau construit une ou deux plateformes par an, destinées soit à la vente, soit à son parc de matériels pour les prestations (voir dernier paragraphe). La plupart sont des planteuses à un seul rang, mais il existe aussi une version double pouvant travailler sur deux rangs à la fois. Offrant un rendement de 2 000 arbres à l’heure, cette dernière ne sert que dans les très grands vergers. « Pour le client, la planteuse possède plusieurs avantages, souligne l’entrepreneur. Le travail est beaucoup moins pénible, et les chantiers plus rapides. Le rendement élevé rentabilise le coût du personnel. L’autre intérêt, c’est la précision du GPS, car tous les arbres sont placés au bon endroit. Les rangs sont donc parfaitement rectilignes, et les arbustes plantés à égale distance. »

Une 4^e planteuse disponible pour la prestation dès cet automne

Sur son exploitation arboricole, Hervé Boujuau cultive une centaine d’hectares de vergers de pommes, cassis, cerises et prunes. La planteuse qu’il a développée s’adapte à tous les principaux types d’arbres. L’ETA possède actuellement trois machines destinées à la prestation et une quatrième sera mise en service dès cet automne. Pour ses chantiers, l’entrepreneur n’hésite pas à se déplacer sur une large moitié ouest, de Caen à Carcassonne en passant par Paris. Le coût de la prestation est généralement de l’ordre de 1 000 €/ha et comprend le tracteur, la planteuse et le chauffeur. De son côté, le client recrute les opérateurs et gère également l’achat et l’approvisionnement du chantier en plants. L’ETA réalise aussi d’autres chantiers comme le prébuttage des rangs avant plantation ou la pose des poteaux destinés à supporter ensuite des filets de protection contre la grêle. Les chantiers s’étalent généralement d’octobre à mars. Hervé Boujuau a également vendu des machines à d’autres entreprises de travaux agricoles : deux d'entre elles se trouvent dans la région parisienne et une troisième dans le sud-est de la France. À la vente, cette planteuse est proposée entre 30 000 €, pour la version la plus simple fournie sans GPS, et 90 000 €, pour un modèle complet entièrement équipé avec son système de localisation indépendant.